La rhinopneumonie est une infection courante chez les chevaux, touchant près de 65% de la population équine. Causée par les virus de l’herpès équin EHV-1 et EHV-4, cette maladie peut avoir des conséquences graves pour la santé des chevaux. Dans cet article, nous explorerons les différentes formes de la rhinopneumonie, les symptômes associés, les méthodes de diagnostic, les options de traitement disponibles et les mesures préventives pour réduire la propagation de la maladie.
Qu’est-ce que la rhinopneumonie ? La rhinopneumonie est une infection virale qui affecte les chevaux. Les chevaux infectés peuvent devenir porteurs du virus de façon permanente, bien que la plupart des porteurs soient asymptomatiques. Cependant, lorsqu’une réactivation virale se produit, les chevaux peuvent excréter le virus et infecter d’autres animaux. On peut comparer ce mécanisme à celui du « bouton de fièvre » humain, qui est aussi un virus de l’herpès. En effet, la « réactivation » virale survient souvent en période de stress ou d’épuisement (transport, exercice physique intense, etc.).
Les formes de la rhinopneumonie La rhinopneumonie se présente sous trois formes principales : la forme respiratoire, la forme abortive et la forme nerveuse.
 Forme respiratoire La forme respiratoire de la rhinopneumonie se caractérise par des symptômes tels que la fièvre, un écoulement nasal visqueux et mucopurulent, une hypertrophie glandulaire, parfois accompagnés de toux et d’œdème du site. Cette forme de la maladie est généralement observée chez les jeunes chevaux (âgés de moins de 2 ans) dans un troupeau. Le diagnostic peut être confirmé par surveillance de la température et des tests PCR sur des échantillons nasaux et sanguins. Le traitement consiste principalement en des mesures symptomatiques, bien que des antibiotiques puissent être administrés en cas de surinfection bactérienne. ·      Diagnostic : Surveillance de la température de tous les chevaux du lieu en question pendant 7 jours. L’infection aiguë provoque de la fièvre pendant 2 à 5 jours. Le diagnostic peut être confirmé par PCR pour l’identification du virus à partir d’écouvillons nasaux (prélevés dès que possible après l’apparition des symptômes) et d’échantillons sanguins, de préférence renvoyés au laboratoire sous forme réfrigérée. ·      Traitement : Généralement non requis. Un traitement symptomatique, tel que des anti-inflammatoires non stéroïdiens, peut être envisagé chez les animaux gravement malades. Des antibiotiques (p. ex., triméthoprime + sulfamides oraux) sont administrés lorsque les symptômes persistent plus d’une semaine et suggèrent une surinfection bactérienne. ·      D’une part, les corticostéroïdes sont immunosuppresseurs et peuvent parfois prolonger ou même aggraver l’excrétion virale, mais d’autre part, ils suppriment également les réponses endothéliales, inhibant ainsi la vascularite, la thrombose et la détérioration des tissus. Neurones. ·      L’efficacité des médicaments immunostimulants ou antiviraux n’a pas été prouvée scientifiquement. ·      Conduite : Mettre en quarantaine les animaux fébriles pendant 2 à 4 semaines (risque de juments gestantes !), prévoir une alimentation dépoussiérée (ensilage, foin mouillé) et des étables dépoussiérées, ou mettre les animaux au pâturage par beau temps. Informez les propriétaires que tout contact avec d’autres élevages doit être évité, que les juments gestantes peuvent faire une fausse couche ou que les chevaux peuvent présenter des symptômes neurologiques.
Forme abortive La forme abortive de la rhinopneumonie se manifeste par des fausses couches tardives chez les juments gestantes. Les poulains nés de ces juments peuvent également présenter des faiblesses et mourir quelques jours après la naissance. Le diagnostic peut être confirmé par des tests PCR sur des échantillons pulmonaires et hépatiques. Le traitement des juments est généralement limité au retrait du placenta, tandis que les poulains faibles ont un pronostic sombre et peuvent nécessiter une euthanasie. ·      Diagnostic : Le diagnostic est validé par la reconnaissance du PCR du virus dans les poumons et le foie du poulain, de préférence soumis au laboratoire sous forme réfrigérée. Le diagnostic peut également être fait en surveillant la température de tous les autres chevaux de l’écurie durant 7 jours. L’infection aiguë cause de la fièvre pendant 2 à 5 jours. ·      Traitement des poulains nés faibles : généralement inutile en raison d’un mauvais pronostic (euthanasie). ·      Prise en charge : Jetez les fœtus et les boyaux dès que possible, emballez-les correctement, puis nettoyez et désinfectez les enclos avec du savon désinfectant pour nettoyer les organes génitaux externes de la jument, puis isolez-les pendant 4 semaines. Si possible, isolez également les autres juments gestantes et gardez-les à la ferme car elles peuvent encore faire une fausse couche, l’excrétion virale est donc importante. N’élevez pas une jument avortée en œstrus, car elle reste contagieuse pendant des semaines après l’avortement. L’insémination artificielle peut en principe se faire à la ferme, mais les chances de succès après une fausse couche sont moindres Isoler les autres animaux fébriles, conseiller aux propriétaires d’éviter tout contact avec d’autres élevages, les autres juments présentent un risque élevé de fausse couche, les chevaux peuvent présenter des symptômes neurologiques
Forme nerveuse La forme nerveuse de la rhinopneumonie peut se développer après une forme respiratoire et se caractérise par des symptômes tels qu’une ataxie aiguë, une paralysie, un œdème et une incontinence urinaire. Le diagnostic repose sur la surveillance de la température et des tests PCR sur des échantillons nasaux et sanguins. Le traitement comprend des mesures pour soulager les symptômes neurologiques, tels que le cathétérisme vésical, l’administration d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Le pronostic varie en fonction de la gravité des symptômes. ·      Diagnostic : Surveillance de la température de tous les chevaux de l’écurie pendant 7 jours. L’infection aiguë amène de la fièvre pendant 2 à 5 jours. Le diagnostic est validé par PCR pour identification du virus sur écouvillons nasaux (prélevés dès l’apparition des symptômes) et prélèvements sanguins (tubes EDTA ou héparinés), de préférence dans des laboratoires réfrigérés. ·      Traitement : En cas d’incontinence urinaire : cathétérisme vésical deux fois par jour suivi d’une irrigation avec une solution diluée de povidone iodée (alternativement, un cathéter permanent peut être placé ou la vessie peut être vidée manuellement). Administration simultanée d’une antibiothérapie, par exemple à base de triméthoprime + sulfamides, pour prévenir l’infection vésicale après cathétérisme vésical, et d’AINS (par voie parentérale si le cheval ne mange pas suffisamment). Rarement, le rectum doit être vidé. La prophylaxie antibiotique est également recommandée pour les chevaux couchés afin de prévenir la pneumonie par aspiration. Pour les juments avec écoulement vésical, il faut faire attention à la propreté de l’arrière-train, et de la vaseline peut être appliquée pour l’empêcher. Si le cheval reste allongé pendant plus de 1 à 2 jours, le pronostic est mauvais et l’euthanasie doit être envisagée. ·      Prise en charge : Les animaux présentant de la fièvre et/ou des symptômes neurologiques ont été isolés pendant 4 semaines. Installez-les sur un sol souple (sol de carrousel ou sable avec une épaisse couche de paille). Un cheval couché doit être tourné toutes les 4 à 6 heures et de la nourriture et de l’eau doivent être fournies régulièrement ou gardées près du cheval, éventuellement en position surélevée. Si l’animal ne boit pas assez d’eau (< 60-80 ml/kg pd), placez une infusion de NaCl à 0,9 %.
Prévention de la rhinopneumonie Il est préférable de séparer les juments gestantes des autres chevaux, en spécialement des yearlings. Il est mieux que les chevaux qui sont fréquemment en contact avec des animaux non agricoles, tels que les chevaux de course, soient séparés des juments. Garder les seaux d’alimentation et d’eau séparés peut aider à prévenir l’infection pendant les compétitions ou les rassemblements. Idéalement, les chevaux venus d’ailleurs devraient être soignés individuellement et hébergés pendant 2 à 3 semaines pour éviter l’introduction de maladies. Il est également possible de prendre la température de ces chevaux deux fois par jour. En pratique, cela est rarement faisable, beaucoup de problèmes peuvent être esquiver avec des inspections quotidiennes de tous les animaux de l’ écurie, ainsi qu’une bonne hygiène et une pratique de nettoyage régulière. La prévention de la rhinopneumonie repose sur plusieurs mesures, dont la vaccination est l’une des plus importantes. En Belgique, un vaccin (Equip EHV 1,4®) est disponible pour prévenir les formes respiratoires de la maladie causées par EHV-1 et EHV-4. Les vaccinations sont recommandées à partir de l’âge de 5 à 6 mois, avec des rappels tous les 6 mois. Les juments gestantes peuvent également être vaccinées à différents stades de la gestation. En plus de la vaccination, il est recommandé de séparer les juments gestantes des autres chevaux et de maintenir de bonnes pratiques d’hygiène dans les écuries. Primovaccinations : Les vaccinations sont généralement recommandées à partir de 5-6 mois (doses primaires = 2 x 1 dose, à 4-6 semaines d’intervalle). Revaccination : Etant donné que la durée de l’immunité est limitée à 6 mois, la revaccination doit être effectuée tous les 6 mois après la primo-vaccination. Vaccinations des juments gestantes : ·      Le vaccin peut être administré à tout moment pendant la grossesse ou l’allaitement. Il est recommandé que les juments gestantes soient vaccinées à 5, 7 et 9 mois de gestation, une dose à chaque fois.  Lorsqu’un foyer est détecté, la vaccination des animaux sains de l’exploitation doit être envisagée.
Conclusion La rhinopneumonie est une maladie courante chez les chevaux, causée par les virus de l’herpès équin EHV-1 et EHV-4. Elle se présente sous différentes formes, avec des symptômes variés et des conséquences potentiellement graves. La vaccination, la surveillance de la température et des mesures d’hygiène appropriées sont essentielles pour prévenir la propagation de la maladie. En cas d’infection, un diagnostic précoce et un traitement approprié peuvent améliorer les chances de guérison. En tant que propriétaire de cheval, il est important d’être informé sur la rhinopneumonie et de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé de vos animaux. La présente publication est fournie à titre informatif uniquement et ne remplace en aucun cas l’avis d’un vétérinaire qualifié. Consultez toujours un professionnel de la santé animale pour obtenir des conseils et un traitement adapté à votre cheval.